Retour vie sociale et économique

 

 



Au moyen âge, Carentan n'avait aucunes activités industrielles et le commerce y était restraint du fait de son marais insalubre, seul un chemin le traversant "le Pavé du Roy" était praticable. Par ailleurs le passage du Petit-Veys ne pouvait être traversé que pendant quelques heures à marée basse.
Pendant longtemps la ville vivait repliée sur elle-même, ce qui favorisa l'artisanat, des tanneurs, des fileurs de laine, des drapiers, des tisserants, des foulons, des tonneliers, des forgerons, etc..., les nombreux moulins fournissaient la farine à toute la région, la viande et le poisson y était abondant.
A l'intérieur des murs la population était composée de gens de robe, de nobles, d'officiers, de grands bourgeois, de gens de lettre et tout un personnel administratif.
Les tribunaux amenaient beaucoup de monde, aussi les hôtels et auberges étaient nombreux. Un marché couvert se tenait Place Royale, sous les arcades. Une halle à bled (blé), près de l'auditoire existait jusqu'en 1940 (actuelle salle des fêtes), les transactions s'effectuaient sous les halles, on note :
1336, la cohue marché au bley - 1601, les halles aux drapiers, poissonniers, bouchers à char(chair) - la même année les productions de suif, coton, lin, chanvre, cheveveil (?), toile, laine, ruche à miel de Sainte Marie du Mont, dinanderie et plumes, grain de verdage, etc...
Au XVIIème siècle, le marché se tenait le lundi et vendredi, le roi avait le droit de lever 12 deniers sur chaque feu tous les trois ans, droit appelé (fouage) où (monneage).
Avec les guerres de religions, la situation des carentannais devint pitoyable, mais s'améliora en 1570, après la signature du traité d'Amboise qui accorda la ville de Carentan aux protestants qui vinrent nombreux et développèrent de nombreuses affaires. Mais en 1572, la Saint Bathélemy, fit fuir une grande partie des protestants et les affaires allaient s'écrouler.
Pendant longtemps les guerres de religions n'améliorera pas le climat économique de la ville, même après le traité de l'édit de Nantes de 1598, qui mis fin à ces guerres la région resta longtemps dans la misère.
Le commerce maritime était presque nul "le Hâvre de l'Eténière", à Carentan qui recevait des batiments de 200 tonneaux ne vit plus entrer que de faibles tonnages. Puis le terrible hiver de 1709, mis la région dans une grande famine.
De cette époque et jusqu'à la moité du XIXème siècle, c'est à dire pendant plus de deux cent ans, les conditions économiques de Carentan ne furent jamais satisfaisantes :
Récoltes désastreuses, épidémies des habitants et animaux, guerres, inondations, révolution etc... nos ancêtres menèrent une vie bien difficile.
Puis après bien des années de disette, l'économie allait s'améliorer grace aux travaux d'asséchement du marais qui améliorèrent la production bétaillère, la construction de grandes routes et la mise en service du port contribua doucement à cette reprise économique.
En 1852, la démolition des remparts puis l'installation du marché aux bestiaux place du Valnoble favorisa l'extension des foires et marchés.
En 1858, la mise en service de la ligne de chemin de fer Caen-Cherbourg, doublée entre 1882 et 1900, la ligne Carentan-la Hayes du Puits inaugurée en 1894, allait enfin ouvrir les échanges économiques vers l'extérieur en favorisant les expéditions de viandes de la halle à viande, construite en 1929, dans l'aile gauche de l'ancien couvent à la place de la chapelle, qui allait connaître son plein essort, il y eu jusqu'à 17 étals occupés par toutes les communes voisines, mais les boucheries locales prenant de l'ampleur la halle fut supprimée vers 1950.
Toutes les nouvelles méthodes utilisées pour l'exploitation des sols allaient favoriser l'extention agricole et du bétail. La production d'élevage de chevaux (poulains de demi-sang), allait également y participer.
D'importantes société industrielles allaient se développer telles les entreprises Lepelletier (beurrerie) qui participèrent à l'extention de Carentan.
La guerre de 1914-1918 et l'hiver rigoureux de 1916, mis un frein à cette évolution, les habitants allaient connaître des restrictions :
Janvier 1917, distribution de 30kg de charbon par ménage (c'est le vapeur anglais "Gleurose" qui le 4 mai apporta 270 tonnes de charbon).
Mars 1917, carte de sucre, d'essence, de chabon, de pain, en juin les boulangeries sont vides.
La situation se régularisa petit à petit, suite à la signature de l'armistice de 1918.